Ils ont tout quitté pour ouvrir une maison d'hôtes

Par Ornella Dallery, le 23 juin 2011

© Delphine Marquier-La Maison du Guil

Sandrine et Xavier Lenarchy ont lâché le « métro-boulot-dodo » parisien pour se retirer à la campagne, dans la vallée de la Durance, loin de la ville et de son rythme infernal. Laissant leurs métiers derrière eux, ils ont tout quitté pour suivre un rêve : ouvrir une maison d’hôtes. Rencontre avec Stéphanie Lecharny, maîtresse de la Maison du Guil à Eygliers (Hautes-Alpes).

Quel était votre métier avant d’ouvrir une maison d’hôtes ?


Sandrine Lecharny : J’étais avocate et Xavier, mon mari, était responsable de communication dans un groupe de prévoyance et retraite.


Avant de tout quitter pour ouvrir un Bed&Breakfast, aviez vous d’autres projets ?


S.L : Non. Le projet d’ouvrir une chambre d’hôtes remontait déjà à une dizaine d’années avant de quitter Paris. L’idée avait germé dans nos têtes mais nous n’étions pas encore prêts ni mentalement ni financièrement pour se lancer véritablement.


Comment vous est venue l’idée d’ouvrir une chambre d’hôtes ?


S.L : Le véritable moteur a été ce désir de travailler ensemble avec Xavier. On a un mode de fonctionnement assez fusionnel et on aime bien être ensemble. Et puis on a toujours aimé accueillir des amis, rencontrer de nouvelles personnes… L’idée était, à la fois, de faire quelque chose qui nous plairait, mais aussi qui nous permettrait d’avoir un autre rythme de vie pour profiter davantage, notamment avec les enfants. Nous avions un rythme typique de parisiens qui partent tôt le matin et rentrent tard le soir, donc on voulait changer tout ça.


Vous vouliez donc quitter la vie parisienne trop accaparante mais la transition, de la ville à la campagne, n’a t-elle pas été trop difficile ?


S.L : Non pas du tout ! On n’en pouvait plus de la vie parisienne. Ça était un grand soulagement de partir. Ce n’est pas comme quand vous « subissez » une mutation, partir était vraiment quelque chose de décidé et réfléchi. Nous en avions vraiment marre tous les deux de la vie parisienne. Même d’un point de vue moral, on voulait s’enfuir de cet endroit de surconsommation, de sollicitation permanente, on avait l’impression d’être « un porte-monnaie ambulant » et ça commençait à nous peser. On avait envie de se rapprocher de la nature.


Une fois le déménagement finalisé, comment se sont passés les premiers mois de lancement de votre maison d’hôtes ? Avez-vous eu des difficultés ?


S.L : Tout d’abord, nous avons eu 1 an et demi de travaux, donc on est arrivé dans un endroit où il y avait encore beaucoup à faire. Ça nous a laissé le temps de bien nous imprégner des lieux parce que ce n’est pas du tout le même rythme que sur Paris. Après, on rencontre toujours des difficultés parce que il y a des choses auxquelles on n’a pas pensé. Par exemple, on a trouvé que les démarches administratives étaient parfois lourdes, ce qui mobilise une grande partie de notre énergie.


Vous avez ouvert véritablement en janvier 2008. Quel bilan faîtes-vous après trois ans d’activité ? Est-il finalement positif ou négatif ?


Le bilan est plutôt positif avec des petites notes négatives. C’est une activité qui nous plait beaucoup mais elle demande beaucoup d’énergie. Si on veut bien faire les choses, il faut se rendre un minimum disponible sans être sur le dos des gens, et c’est assez prenant. Il faut apprendre à être disponible tout en mettant des distances pour avoir des moments à soi. Mon bilan est franchement plutôt positif même si c’est un métier où la routine s’installe assez vite et où le plaisir réside essentiellement sur les personnes qu’on reçoit. On vit des moments fabuleux quand on rencontre des gens qui nous enchantent, mais on peut vivre aussi des moments un peu plus pénibles quand on reçoit des personnes désagréables.


Par rapport à la vie parisienne qui est stressante et prenante, finalement est-ce que cette vie là n’est pas tout aussi prenante et stressante ?


S.L : Stressante non, rien ne pourra me stresser autant que mon précédent métier, tout comme mon mari Xavier. Les seuls petits moments de stress c’est quand il y a des périodes où nous avons très peu de réservations. Après, il est vrai que c’est une activité prenante car on n’a pas de congés. Nous sommes ouverts toute l’année donc tous les jours ou presque, il faut être rentré pour l’heure d’arrivée des hôtes et le matin, il faut être debout pour préparer le petit-déjeuner… On ne peut plus faire de grasse matinée. Et puis nous proposons aussi une table d’hôtes, c’est donc encore plus prenant. La solution est de profiter du moindre instant que l’on a pour partir quelque part. On met à profit les moments de liberté que nous pouvons avoir.


Si c’était à refaire, vous le referiez ? 


Oui oui et oui… C’est une très belle aventure humaine donc oui on le referait c’est sûr !